Tout commence fin janvier, alors que je m'apprêtais à regarder un de mes shows favoris, The Grand Tour, héritier de l'émission automobile Top Gear.
Les trois compères et présentateurs diffusent un double-épisode spécial, un road trip en Colombie, en ayant le challenge (un peu fou ?) de ne jamais prononcer le mot commençant par "C"... Quoi qu'il en soit, que le pari ait été tenu ou non, c'était une vitrine incroyable sur la richesse paysagiste de ce pays, qui à vrai dire jusqu'à présent ne m'avait jamais vraiment attiré. Je ne connaissais rien de son histoire ou de sa localisation (mis à part les préjugés grossiers, dont on parlera plus tard), pas même sa capitale. Ne parlons même pas de ma connaissance totalement inexistante de l'espagnol !
C'est ensuite en regardant par curiosité les prix des billets d'avion que j'ai trouvé un vol aller-retour relativement abordable pour la distance, en partant de Bruxelles avec escale en saut de puce à Madrid, via Air Europa. J'avais déjà emprunté par le passé cette compagnie pour aller en Espagne, j'étais relativement confiant.
Deux semaines plus tard, c'était plié, j'avais mes billets en main, une grosse boule au ventre, et le défi d'annoncer à mes proches que je me rendais dans un pays qui il y a encore quelques années recelait de quartiers et d'activités très peu recommandables pour les touristes.
Mes dates étaient tombées, je partirai du 1er au 24 juin. De quoi voir de manière confortable une bonne partie du pays !
Je ne cache pas que pendant l'attente qui a précédé le jour du départ je me suis posé mille et une questions; que se passera-t-il si je me perds, les gens parlent-ils anglais, comment vais-je échapper aux sollicitations et éventuelles incitations dangereuses, que faire si je tombe malade...
J'ai donc décidé d'acquérir un guide papier afin de mieux préparer l'itinéraire, mon choix s'est porté sur le guide du routard (on m'a livré la version 2018 alors que la 2019 était disponible.. Bon.)
Après une lecture intensive pendant plusieurs soirées, j'avais identifié ce que je voulais voir absolument :
Voici en détail mon itinéraire final :
Mon rêve aurait été d'apercevoir les baleines, uniquement visibles sur la côte Pacifique. J'ai du à contrecoeur abandonner cette idée pour plusieurs raisons :
C'est donc quelques jours avant le grand départ que j'avais fixé ces objectifs, en ne réservant rien d'autre à l'avance que mon premier AirBnb afin d'être le plus flexible possible dans mes dates de déplacement. Vous verrez qu'en Colombie, il est relativement facile de se déplacer à travers le pays (hormis cette fichue région des baleines !).
Une fois mes vaccins contre fièvre jaune et hépatites injectés, c'est parti !
Rien à dire au niveau d'Air Europa, voyage très rapide d'une heure entre Bruxelles et Madrid en 737 (semblable aux avions Ryanair), puis avec le très beau 787 Dreamliner que j'avais eu l'occasion d'emprunter en voyage en Inde (en business class, le pied !).
Ayant réservé plusieurs mois à l'avance, j'ai pu choisir des sièges en classe économique longeant un des deux couloirs, pour pouvoir étendre mes grandes guiboles. Nous sommes tout de même partis avec plus de deux heures de retard de Madrid, mais zen.
Niveau repas à bord, rien de folichon, des pâtes ou du poulet. Ce qui m'a permis d'apprendre mes premiers mots en espagnol ! "Pasta o pollo ?" "Agua o cerveza?"
Pour l'entertainment à bord, il y a tout ce qu'il faut avec un écran sur le siège avant qui propose d'assez nombreux films, en VF ou VO (mais généralement sans les sous-titres FR). Assez comique de voir la première saison de Narcos à bord... Ce n'est pas ça qui va changer les stéréotypes de ce pays ! Petite parenthèse, je m'étais refusé à regarder cette série pour avoir l'esprit le plus 'vierge' possible, afin de ne pas risquer de tomber dans le fanatisme. On parle quand même d'un gars responsable de la mort de dizaine de milliers de personnes. Nous le verrons plus loin, les marques sont encore présentes, bien que la Colombie se redresse fièrement de son histoire sombre.
Bogota ! Capitale. Perchée à plus de 2400 mètres d'altitude, autant dire qu'on sent passer la faible teneur en oxygène par rapport à mon plat pays.
L'arrivée à l'aéroport s'est faite de nuit, atterrissage sur une piste légèrement humide, mais pas de pluie à signaler. Après avoir rempli un formulaire de douane demandant nom, passeport, adresse locale, budget prévu sur place (hein ?), j'obtiens le précieux tampon Visa et récupère fièrement mon beau sac à dos, ma hantise de perdre un bagage ne sera pas encore pour aujourd'hui !
Survient ensuite la première galère. Et oui.
Je me rends en bas du terminal d'arrivée pour retirer de l'argent liquide, les fameux pesos colombiens. J'allais être millionaire ! :)
C'est ce que je pensais jusqu'au moment où ma carte de débit refuse toute transaction. Alors je vous voir venir, couillon que je suis que je devais faire activer ma carte pour utilisation à l'international. Ce que j'avais bien fait en me rendant à ma banque. Sauf que le couillon en question était dans ce cas-ci mon banquier, qui a activé cette option sur une vieille carte d'un ancien compte totalement vide, n'étant pas mon compte courant.
Fort heureusement, j'avais ma Visa avec moi; tant pis pour la commission, il fallait que je me rende à mon AirBNB en taxi !
En sortant de l'aéroport, ça grouille de partout, c'est plein de vendeurs et de racoleurs qui vous proposent des services de transport en tout genre.
Je croise le regard d'un jeune qui m'avait l'air sympathique. Ce dernier m'emmène près du taxi après que je lui aie montré l'adresse, et m'annonce fièrement son prix, 50 000 pesos !
Alors oui, ce n'est pas "cher" pour nous autres européens (il y a quand même 25 minutes de trajet) et cela représente environ 14-15€. Cependant, pour là-bas, c'est exorbitant et mon hôte m'avait averti qu'il ne fallait pas que je paye plus de 25 000.
De fil en aiguille, je réussis à négocier pour 30 000, pas exceptionnel mais ne parlant pas du tout la langue je me dis que c'est quand même une belle prouesse d'avoir pu réduire presque de moitié le trajet :D
Arrivée tardive chez mon hôte qui termine de préparer ma chambre, et je fais la rencontre d'un expatrié français qui vit depuis une bonne année en Colombie. On échange quelques mots et conseils, puis direction une bonne douche méritée et au dodo !
La nuit se passe, et je ne tarde pas à constater les premiers effets du Jet Lag. Arrivent les premiers chants d'oiseaux bruits de klaxons à 4h du matin que mes sens sont déjà aux aguets. Je me fais pénitence en tentant de me reposer le plus possible.
Une petite entrevue avec mon hôte et son résident français, et je pars enfin faire mes premiers pas sous le soleil colombien !
D'ailleurs, crème solaire obligatoire. Bien que Bogota soit réputée pour être une ville pluvieuse, ce jour-là il n'en n'est rien et quelques cumulus de beau temps alternent avec un ciel bleu magnifique. Parfait pour un gringo comme moi pour attraper des coups de soleil !
Chaque dimanche, c'est la journée sans voiture. Une belle occasion de découvrir la ville à pied, mais impossible de se rendre en taxi ou uber dans certains endroits. C'était l'occasion de m'imprégner de la ville, et malheureusement le premier contact est assez décevant, notamment en ce qui concerne la pollution des rues; voitures diesel sans filtre, fumées noires, poubelles ouvertes, bref un patchwork pas très attirant. Par chance, quelques parcs sont présents, mais malheureusement encore peu nombreux. C'est une grande ville, une capitale, il fallait s'y attendre.
Après un lunch typique colombien (mais ô combien gras et calorique, à base de bananes frites et d'oeufs !), je me dirige vers Monserrate, qui est une colline surplombant la ville. "J'aime les panoramas" comme dirait l'autre ! On a le choix entre un téléférique ou un funiculaire, mon choix se porte sur la seconde option.
En faisant la file, je fais la connaissance avec une Yankie, Angie, qui a envoyé sa soeur Lisa acheter les billets. Heureusement qu'elle m'a prévenu, car sinon j'aurais fait la file pour rien, les tickets étant dans une autre ligne ! Nous sympathisons et décidons de faire la visite ensemble.
Au sommet, différentes statues retracent le chemin de croix du Christ, pour enfin arriver à .. une grande église, où est donnée la messe. De tous les endroits que j'aurai visités en Colombie, je pense que celui-ci aura été l'un des plus peuplés en touristes et visiteurs !
Quelques échanges et photos plus tard ainsi qu'une semi-crise cardiaque de la part de Lisa (car apparemment, dire à des américains qu'on n'aime pas Game of Thrones équivaut à annoncer froidement au Pape qu'on ne croit pas en Dieu), nous partageons un taxi pour descendre dans la ville et son quartier du palais présidentiel.
Nos chemins se séparent au moment où le taxi dépose mes deux compères à côté d'un centre commercial qui n'en n'avait que les noms. Je comprends vite que le chauffeur tente de me dire que cet endroit n'est pas sûr et que je ferais mieux de faire gaffe en sortant. Son âge grisonnant et connaissance des lieux ne me donnera pas l'envie d'essayer de jouer les héros, j'abandonne mes Yankees à leur sort dans ce quartier coupe-gorge et me rend sur la fameuse place Bolivar !
On sent que cette place a été le théâtre de nombreux événements. Différentes architectures l'entourent, et ça se sent que c'est un endroit central, réunissant à la fois pouvoir législatif, religieux, justice et présidentiel.
On se dirige ensuite vers le musée de l'or de Bogota, apparemment l'endroit au monde ayant la plus grande densité d'or exposée ! C'est dimanche, et c'est gratuit, on en profite :-)
Je n'ai pas fait l'effort de prendre l'audio guide, préférant me balader à mon aise dans le musée (les textes sont en espagnol et en anglais, ça fait plaisir !). Beaucoup de pièces de la civilisation précolombienne, en parfaite conservation, vraiment impressionnant !
Enfin, je termine ma journée en passant dans un shop dans la rue pour m'acheter une carte Sim.
Sans parler espagnol, très difficile de donner des instructions au chauffeur de taxi pour se rendre où il faut; Uber m'est donc indispensable pour mes déplacements où j'ai besoin de faire des longues distances. Aussi, envoyer mes photos et communiquer avec mes proches est essentiel lorsque l'on voyage seul.
Mais c'est surtout que si l'on veut réserver un bus en ligne ou un voyage en avion, il est impératif d'avoir un numéro colombien pour pouvoir recevoir les messages de confirmation.
J'utilise le site/appli RedBus qui compare en ligne la plupart des sociétés de bus et permet de booker très facilement sa place de transport, néanmoins il vous sera inutilisable sans numéro local.
J'en profite pour réserver mon premier voyage interne, jusque Neiva pour rejoindre le désert rouge de Tatacoa.
Un dernier coup d'oeil sur les rues aux alentours de mon logement et un magnifique coucher de soleil, et c'est la fin de cette première journée.
A suivre ! :)