En route vers Neiva
Après ce repos assez court, je me rends à la gare routière de Bogota aux petites aurores. En effet, il y a des bus réguliers circulant depuis la capitale à presque toutes les heures. Etant toujours en plein jet lag, cela ne me dérangeait pas de prendre un transport de très bon matin (lever à 3h pour un départ vers 4h30).
Je prends congé de mon airbnb encore endormi et essaye de ne pas réveiller le garde vigile à l’entrée du bâtiment. Pour le coup c’est raté, en fermant la porte derrière moi celui-ci s’est levé en sursaut et est sorti dans la rue pour voir si tout allait bien. « Todo esta bien señor ! » balbutie-je !
Mon Uber arrive enfin, après quelques minutes assez angoissantes dans cette rue déserte où des ombres bougent, ainsi que le défilement de nombreux taxis (je n’avais pas vraiment confiance à arrêter un taxi seul au milieu de la nuit). Le chemin jusqu’à la gare fut également folklorique, le chauffeur ayant certainement du faire un peu trop la fête la veille !
La gare proprement dite ressemble à un petit centre commercial, où les entrées vers les bus des différentes compagnies sont disposées à plusieurs sorties. A toute heure de la journée, il est possible d’acheter à manger, à boire, de faire la causette avec quelqu’un (petit coucou au membre du personnel qui m’a bien aidé à trouver mon chemin !)
J’ai choisi la compagnie Coomotor et honnêtement, je n’ai jamais eu un bus aussi confortable ! Sièges impeccables et larges, rabattables, chargeur USB individuel, choix de films … Bref, comme l’avion, mais en beaucoup plus confortable !
Bien sûr on n’échappe pas aux escales un peu partout, pour prendre d’autres passagers.
On en profite également pour observer les premiers paysages en dehors de Bogota, et bon sang, on sent que la nature est omniprésente ! La flore est impressionnante de variété, la verdure flatte la rétine, les reliefs s’enchainent sur une assez grande distance malgré tout.
Quelques heures plus tard, c’est l’arrivée à la gare de Neiva, sous une chaleur étouffante !
Soyons clair, cette ville est un « hub », un échangeur pour les différentes destinations et n’a absolument aucun autre intérêt, comme confirmé par le Routard.
C’est ici que je commence à sentir les barrières par rapport à ma méconnaissance de la langue, en essayant de trouver un transit pour me rendre au petit village (Villavieja) longeant le désert. Car dans cette gare, il y a plusieurs guichets éparpillés selon l’endroit où vous vous rendez, et ce pour la même compagnie !
Heureusement je trouve grâce à la sécurité locale le moyen de transport qui me permettra de me rendre à ma destination, avec une … Jeep !
Le chauffeur en costume cravate me semble inspirer confiance; avant le départ il prend « soin » d’installer de poser mon gros sac à dos sur le toit de l’armature métallique à l’arrière de la jeep où nous nous situons, des colombiennes et moi même.
Le voyage durera une heure, rempli de bosses, de vents, de légère pluie, et de lunettes de soleil qui s’envolent, ce qui nous a valu une bonne séance de fou rire tous ensemble à l’arrière !! :) Plus d’une fois j’ai cru voir mon sac se faire renverser par le vent et les prises de virages brutes.
Le clou du spectacle aura été lorsque notre chauffeur s’est arrêté à une station pour faire le plein … sans couper son moteur !
Moralité de l’histoire, même si ça porte une cravate, tu t’en prends plein les pattes !
Visite du désert et observation des étoiles
Fraichement, ou plutôt chaudement, débarqué à la Villavieja (ville vieille), j’entreprends de trouver tout d’abord un logement pour la nuit afin de sécuriser mon futur sommeil. Mon dévolu se jette sur un petit hotel, pas franchement top et vraiment pas donné, mais avec air conditionné et douche personnelle, laquelle je m’empresse de me jeter car il fait une chaleur accablante ! Il est 11h, le soleil est presque au zénith et c’est l’endroit le plus proche de l’équateur que j’aurai visité de mon voyage.
Quelques bouteilles d’eau achetées à l’épicier du coin et je me rends à l’entrée du désert de Tatacoa, en prenant un « Tuc tuc », sorte de moto avec une banquette arrière (comme en Inde). C’est très pratique et coloré !
La visite est libre et il y a en réalité deux déserts; un gris et un rouge. Je n’ai personnellement fait que le rouge, le plus impressionnant. Et quel spectacle !
Après avoir dépassé les quelques touristes colombiens bruyants, on se retrouve alors dans un paysage à l’atmosphère très particulière, entre aridité et végétation d’oasis. Je n’ai pas tous les renseignements mais il semblerait qu’à l’origine ce désert se composait d’une forêt qui s’est totalement asséchée, ce qui donne place à ce mélange si insolite.
Et bien évidemment, impossible de ne pas évoquer cette couleur rouge aux allures martiennes !
On côtoie quelques zones plus humides et boueuses, et il est facile de se laisser avoir d’un pas de pied mal placé (oui, mes chaussures ont pris un coup ce jour là !). Il faudra deux petites heures bien à son aise pour arriver au bout de la boucle du chemin balisé. Je recommande vivement de s’asseoir au milieu de cet endroit, de fermer les yeux et d’apprécier ce magnifique silence.
Arrive enfin le moment où le ciel se dégage, les nuages font place aux couleurs rosées du coucher du soleil. On m’avait vendu du rêve et je ne suis pas le seul à m’impatienter; perdus sur les falaises et les petites collines, de nombreux jeunes et moins jeunes s’installent. Certains méditent, d’autres écoutent de la musique en sirotant une cerveza locale (vous ai-je déjà redit qu’on peut acheter tout et n’importe quoi à toute heure et tout endroit en Colombie ?)
L’attente en valait la peine. Pour la première fois de ma vie, je contemple les constellations de l’hémisphère sud. Je reconnais immédiatement la Croix du Sud, qui est beaucoup plus grande que ce à quoi je m’attendais. Je tente tant bien que mal de faire quelques photos de la voute, en vain, les nuages reviennent peu à peu. Qui plus est, l’observatoire astronomique où j’attendais la venue d’un guide sera resté vide, à l’exception d’un touriste du Colorado pour qui tout cet environnement était … « bof ». J’ai du mal à comprendre qu’on puisse être blasé devant cette ambiance et cette nature 🤷🏻♂️
Retour mouvementé à Villavieja
Reposons le contexte: actuellement, il est passé 20h, le ciel est d’un noir d’encre à cause de la nouvelle lune, le petit village avec mon hôtel est à près de 10 km d’où je me trouve.
C’est donc tout naturellement que je me redirige vers l’endroit où l’on m’avait déposé quelques heures auparavant … Mais aucun transport ne se pointe !
A la nuit tombée, les services de navettes et taxis s’arrêtent et c’est bien fâcheux !
C’est alors que je croise sur la route un couple de Colombiens à qui j’essaye tant bien que mal d’expliquer ma situation. Ils semblaient se diriger vers un hotel/auberge pour la nuit, et chemin faisant, nous arrêtons un motard au beau milieu du chemin.
Moyennant quelques pesos, ce dernier accepte de me déposer à mon hôtel au village. Ouf !
S’ensuit une chevauchée à moto dans le désert à la lueur des étoiles, sans casque, en slalomant entre les voitures. Si la jeep du matin avec notre homme en costume était effrayante, je crois que cette expérience-ci aura été l’une des plus angoissantes et excitantes à la fois. Qui n’a jamais rêvé de rouler cheveux au vent dans la fraicheur d’un désert ? :D
Après un quart d’heure, nous arrivons à l’hôtel, je paye mon chauffeur et fonce sous la douche avec une magnifique histoire à raconter, ainsi qu’évidemment de nombreuses photos… !
Repos pour la nuit, le lendemain ça sera retour à Neiva et la prochaine destination - Salento !